Inspection Pédagogique Régionale d'Histoire et Géographie
Evaluation des candidats aux examens
Rappel de quelques principes pour guider notre action
Trois
principes doivent guider notre action
-
Equité
- Bienveillance que vient faire la bienveillance dans cette histoire ? La bienveillance est une qualité des relations sociales voire mondaines, je ne vois pas en quoi elle concerne la pédagogie.
-
Justice C’est une sorte de pléonasme avec l’équité
Ca commence mal : déjà tout faux s’agissant des principes car il manque des principes ayant trait à la pédagogie, à la vérification du savoir (rigueur, clarté des critères d’évaluation, etc .), ce qui est quand même essentiel (enfin, c’est du moins ce que je croyais être l’essentiel, mais peut-être que l’école étant devenue une gigantesque garderie, les principes relationnels ont plus d’importance que les principes pédagogiques)
-L'équité dans le traitement des copies et
les interrogations orales
Toutes
les copies, tous les modes d'expressions sont recevables avec la même approche
positive. NON : l’approche ne doit être ni positive ni négative, elle doit être
neutre.
Il
se peut, en effet, qu'un candidat n'ait pas reçu pendant l'année exactement les
mêmes consignes et la même interprétation des programmes et de la nature des
épreuves, par son professeur,'que le collègue qui corrige ou examine. On ne
peut faire payer à un élève cet état de fait. Comment
ça, « faire payer » ou ne pas « faire payer » ? On se
place faussement dans une relation affective avec le candidat. Il s’agit de
juger une copie ou un oral, et si le candidat s’en sort mal, il s’en sort mal,
ce n’est pas à l’examinateur d’entrer dans des réflexions jésuitiques pour
discerner, l’inné de l’acquis, ce qui vient ou ne vient pas du professeur et ce
qui vient ou ne vient pas de l’élève, tri au demeurant absolument impossible et
source d’injustice ; pour tel élève qui saura habilement mettre sur les
déficiences de son professeur ses propres lacunes, tel autre tout aussi nul
n’aura pas cette finesse ou ce culot.
La bienveillance est une obligation due à
l'élève
Toute
copie, toute évaluation orale est menée avec bienveillance. C'est à dire
qu'elle valorise ce que le candidat sait et sait faire.
NON NON : l’évaluation doit être neutre : tenir compte des erreurs et
des bons points. Il est frappant de voir un pseudo-expert en pédagogie émettre
des recommandations aussi stupides et injustes (suivant ce raisonnement, une
copie avec deux bonnes choses et cinq erreurs aurait la même note qu’une copie
avec deux bonnes choses et aucune erreur). Je croyais que les dieux rendaient
fous ceux qu’ils voulaient perdre, mais il semble qu’ils les rendent aussi très
cons Les points augmentent de
façon positive. On ne décompte pas de points pour ce que l'élève ne sait pas
encore et ne saura sans doute jamais car ses
examinateurs n’ont pas eu l’intelligence de rendre ses manques pénalisants
(raisonnement stupéfiant de ma part : l’examen et sa notation ne seraient
pas neutres pédagogiquement ! Il va falloir une armée d’experts pour
vérifier cette audacieuse hypothèse.).
Toute copie verra la note proposée justifiée par une courte
argumentation valorisante ou encourageante.
On évitera toute stigmatisation ou appréciation dévalorisante Pourquoi ? Si la prestation ne vaut rien, il faut le
dire, c’est méprisant d’agir comme si le candidat était un pauvre être
incapable de supporter la vérité.
De même on évitera les notes infamantes qui ne peuvent que blesser
inutilement les. Candidats « infamantes »
« blesser » : on est encore dans le registre du sentimentalisme,
de la mondanité, des relations interpresonnelles et non de la transmission de
savoir et de son évaluation. Quand on dit qu’une copie est nulle, c’est juste
la copie qui est nulle, pas le candidat.
Quant au « inutilement », il dévoile les arrières-pensées
des auteurs : pour eux il n’y a que l’évaluation positive qui n’est pas
inutile, et comme une évaluation qui ne saurait être que positive n’est pas une
évaluation juste, c’est l’idée même d’évaluation du savoir qui est inutile aux
yeux de nos cuistres d’académie. On retrouve là ce qui fait le fond du
pédagogisme constructiviste : la haine du savoir et de sa transmission.
Justice dans la notation
Toute
la gamme de notes, en particulier les plus hautes doivent être utilisées (ben voyons, comme ça, le niveau monte). . (Il est
inutile d'humilier les candidats avec les notes les plus basses Là encore on retrouve le biais « mondain » Noter,
ce n’est pas établir une relation avec un candidat, l’humilier ou au contraire
le mettre sur un piédestal, c’est évaluer ses savoirs et la manière dont il les
expose. Après l’épreuve, la réaction du candidat, fierté, coup de fouet, désir
de revanche, abattement, etc., le regarde et c’est encore une fois méprisant,
et malhonnête, de le noter en fonction de ses réactions supposées). Il faut rappeler que les candidats doivent
être évalués par rapport à un niveau attendu d'élèves de Troisième pour le
Brevet et de Première ou de Terminale pour le Baccalauréat, c'est à dire
d'adolescents et de jeunes adultes qui ne peuvent tout savoir (il n’y a pas de risques avec l’enseignement qu’on leur dispense !)
et dont les préoccupations ne se limitent pas à l'Histoire-Géographie le délire continue : quand un candidat se représente à
une épreuve d’histoire-géographie, c’est pour qu’on juge son savoir en cette
matière.
Si il a préféré tailler des bonzaïs ou regarder la Star’Ac plutôt que
d’apprendre ses cours d’histoire-géo, là encore, c’est son choix, il aura une
bonne note en taillage de bonzaïs ou en analyse de Star’AC.
En attendant, si il ne sait rien en Histoire-Géo, ses connaissances
en staracologie ne doivent pas entrer en compte pour atténuer sa mauvaise note.
Que dirait-on d’un mauvais médecin qui prétexterait que ce n’est pas si grave
parce qu’il est bon jardinier ?. En aucun cas leur
prestation ne peut être évaluée au regard du savoir et de la culture d'un
professeur qui a accumulé des années d'apprentissages, dont l'enseignement de
l'Histoire - Géographie est le métier et qui a parfois vécu les événement sur
lesquels l'élève est interrogé C’est bien entendu tout
le contraire qui est vrai : le professeur doit évidemment évaluer le
savoir de l’élève en fonction de ses propres connaissances. Que je sache
unexaminateur peut faire preuve de discernement, il n’en reste pas moins la
référence.
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Le plus frappant dans cette bouillie de bons sentiments est le mépris du savoir : tout revient à la réaction sentimentale de l’élève (« blesser », « humilier »). De la nécessité et de l’importance, pour l’élève lui-même, pour son avenir, d’évaluer son savoir correctement et de le lui signifier, nulle trace.
Tout cela est bien méprisant : on infantilise le candidat en supposant tout au long de ce texte qu’il est incapable d’affronter la vérité de son évaluation dans toute sa nudité. Mais c’est oublier que c’est en affrontant les épreuves qu’on grandit. A moins, bien entendu, qu’on ait pour but de fabriquer d’éternels enfants.
On peut aussi remarquer le mélange des genres, la confusion des registres, c’est-à-dire une pensée sans rigueur ni principes, ou, plus exactement, guidée par un seul principe, qui a juste le malheur d’être faux : l’école est un « lieu de vie », c’est-à-dire une sorte de centre aéré subventionné à vocation éventuellement culturelle (comme je l’ai déjà dit, la transmission du savoir est rangée au placard des vieilleries). Et l’auteur est « Inspecteur Pédagogique Régional » (veuillez prendre note des majuscules) Pauvres élèves, pauvres de nous !
Le
14 Juin 2006
L'Inspecteur
d'Académie
Inspecteur
Pédagogique Régional
Jean-jacques
MISERY Nom prédestiné : en effet quelle misère que
ce texte !