Sujet: La vraie nature de Ségolène [Analyse] - Metula News Agency -

De: "Metula News Agency"

Date: Mon, 19 Feb 2007 17:32:45 +0000

 

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La vraie nature de Ségolène (info # 011902/7) [Analyse]

Par Sébastien Castellion © Metula News Agency

 

Il est naturellement impossible de prédire si Ségolène Royal réussira ou non, ce soir, dans l’émission « J’ai une question à vous poser », qu’elle prépare intensément depuis plusieurs semaines, à convaincre les téléspectateurs qu’elle mérite mieux que l’image de candidate improvisée et incohérente qu’elle a donnée depuis plusieurs semaines.

 

Mais une chose est absolument sûre : si l’émission n’est pas une catastrophe complète, la grande majorité de la presse française se répandra immédiatement en compliments appuyés sur la candidate. La nette domination de Nicolas Sarkozy dans les sondages donne, à tort, l’impression que l’élection présidentielle de mai prochain est déjà jouée ; et cela ne fait pas du tout l’affaire des media. Les media français, financièrement exsangues, se refont généralement une petite santé en période d’élections présidentielles. Mais encore faut-il, pour que le public veuille acheter les journaux qu’il boude en général, qu’il y ait un peu de suspense et d’incertitude. Au cours des dernières semaines, les media se sont acharnés sur Mme Royal – qui leur en a, il est vrai, donné l’occasion. Maintenant qu’elle stagne à 45% des intentions de vote du second tour, il faut la relancer pour maintenir l’action. Attendez-vous donc, chers lecteurs de la Mena, à ce qu’à compter de demain, les gaffes de Mme Royal attirent soudain moins l’attention et que ses qualités soient plus clairement soulignées.

 

Mais il y a aussi des raisons de fond – et non seulement des raisons médiatiques – pour penser que l’avance actuelle de Sarkozy dans les sondages a de fortes chances de se réduire dans les semaines qui viennent. Ceux qui ont cru naguère que Royal était une cruche sans profondeur – les Fabius, Strauss-Kahn et autres Jack Lang – avaient sous-estimé sa détermination à vaincre, son désir de revanche [sur les « mâles », sur la vriliité ; elle a l’évidence un problème dans ses relations avec le sexe opposé]et, pour tout dire, sa méchanceté. Aujourd’hui qu’elle se trouve au point le plus bas des sondages, ces qualités vont la pousser à recentrer sa campagne, à modifier son discours, et à montrer une résistance dans l’adversité qui devrait susciter le respect et, en toute logique, augmenter les intentions de vote qui se portent sur sa personne.

 

 

Un autoritarisme irrépressible qui la conduit à négliger tous les avis ?

 

C’est à tort, en effet, qu’on a voulu expliquer les nombreuses bourdes de Ségolène Royal, au cours de la campagne, par sa sottise ou son insuffisance. Une sotte ne serait pas parvenue là où Ségolène Royal est aujourd’hui [je suis d’accord]. Ces bourdes ont toutes une explication bien différente, que plusieurs de ses collaborateurs m’ont confirmée à leur manière : la candidate souffre d’un autoritarisme irrépressible qui la conduit à négliger tous les avis, d’une certitude absolue d’avoir raison [c’est d’ailleurs un trait très socialiste] contre tous et d’un cynisme électoral sans bornes, qui la conduit à dire à chacun ce qu’il veut entendre. Ces défauts ne l’empêchent pas d’avoir une intelligence plutôt supérieure à la moyenne. Mais ils représenteraient un danger considérable pour la France si Ségolène Royal parvenait aux fonctions suprêmes de l’Etat [les habitants de Poitou-Charente (je trouve l’expression « picto-charentais » afreuse) en savent quelque chose].

 

L’autoritarisme de la candidate et son refus d’écouter les conseils sont devenus légendaires au Parti socialiste. Lorsqu’un des meilleurs économistes français, grand spécialiste de l’énergie et inquiet des positions de la candidate sur l’énergie nucléaire, a proposé de rédiger une note sur le sujet, c’est un des conseillers de Ségolène Royal, désabusé, qui lui a répondu que « ce n’était pas la peine de se fatiguer, elle ne lira pas la note et ne changera pas d’avis ».

 

Le secrétaire national du PS pour l’économie et la fiscalité, Eric Besson – lui aussi un bon spécialiste – n’a pas pu supporter que la candidate néglige systématiquement ses avis et a démissionné de son poste [nous n’avons pas (encore) cette explication de la bouche d’Eric Besson]. De même, lorsque le 25 janvier dernier la candidate s’est magistralement plantée sur l’état de l’armée française qu’elle aspire à commander (en affirmant que cette armée n’avait qu’un sous-marin nucléaire, alors qu’elle en a quatre), un des meilleurs spécialistes socialistes de la défense nationale, le député Jean-Michel Boucheron, se lamentait à qui voulait l’entendre qu’il avait proposé à la candidate de la former et qu’elle n’avait jamais donné suite.

 

Il y a, dans tous ces événements, quelque chose de bien plus grave que de la bêtise – et même de bien plus grave que le simple autoritarisme. Dans tous les cas, Mme Royal a consciemment refusé le soutien, dans leur domaine de compétence, de spécialistes de son parti qui se proposaient de l’aider en la faisant bénéficier d’une partie de leurs connaissances. Elle s’est comportée comme si elle pouvait décider, sur ces sujets complexes, sans même prendre connaissance des analyses de ceux qui savent [SR montre un mépris des spécialistes assez stupéfiant, comme Jeanne ; le savoir lui viendrait-il de Dieu ?].

 

Quels seront les résultats de cette disposition d’esprit, lorsqu’il ne s’agira plus de prendre des positions de campagne mais de prendre les graves décisions qui incombent à un chef d’Etat ? Avec Ségolène Royal, à en juger par son comportement récent, la France aurait une Présidente décidant les grandes options de la politique économique sans écouter aucun économiste, commandant l’armée tout en refusant toute formation militaire, parlant au nom de la France sans prendre l’avis de ses diplomates. On peut difficilement imaginer une situation aussi risquée – notamment pour un pays qui reste un grand pays, et dont les positions ont un impact bien au-delà de ses frontières. En un mot (et je ne pensais pas devoir dire cela de quelque candidat que ce soit) : ce serait pire que le pouvoir de Jacques Chirac. Chirac a, sur le fond, des positions odieuses – c’est le cas sur le Moyen-Orient ou les Etats-Unis – ou totalement cyniques, comme en matière de politique budgétaire. Mais il fut longtemps, avant que l’âge ne réduise ses capacités de travail, un grand consommateur de notes et d’informations qu’il absorbait goulûment avant de prendre une décision.

 

L’autre défaut marquant de Ségolène Royal est qu’elle pousse bien plus loin que les autres hommes politiques le cynisme électoral qui consiste à dire à chacun ce qu’il a envie d’entendre.

 

On a beaucoup glosé en France sur la tonalité « vieille gauche » des 100 propositions qu’elle a annoncées à Villepinte le 11 février dernier : fixation des tarifs bancaires par l’Etat ; « droit au premier emploi des jeunes » (ne me demandez pas ce que cela veut dire…) ; régularisation massive des immigrés clandestins ; taxation exceptionnelle des chaînes privées pour financer l’audiovisuel public [1], etc. Pourtant, Ségolène Royal n’a rien d’une gauchiste archaïque. Ses valeurs personnelles donnent une place importante à l’autorité, à la famille, à l’ordre public et même à l’armée. Simplement, Ségolène savait qu’elle se trouvait devant un public de militants socialistes, majoritairement nostalgiques des bonnes vieilles dénonciations de l’ordre bourgeois de leur jeunesse. Au lieu de se comporter comme un vrai chef et d’entraîner les militants derrière sa propre vision, elle a dissimulé ses convictions et adapté son discours pour flatter son auditoire.

 

Cette tendance hypertrophiée à flatter chaque auditoire [n’est-ce pas la définition de la démagogie ?] a eu des conséquences gravissimes – à la limite de l’innommable – lors du voyage de Ségolène Royal au Proche-Orient en décembre dernier. Le 1er décembre, rencontrant à Beyrouth une délégation de députés libanais, elle a écouté sans s’émouvoir un certain Ali Ammar, député du Hezbollah, cracher vingt minutes de haine contre Israël et les Etats-Unis. Ammar, en bon fanatique génocidaire, a comparé Israël, qu’il n’appelle naturellement que « l’entité sioniste », à l’Allemagne nazie et accusé les Etats-Unis (baptisés, eux, « l’arrogance politique » de tous les mots du monde. Mme Royal a commencé sa réponse en disant « Il y a beaucoup de choses que je partage dans ce que vous avez dit, notamment la nature du rôle des Etats-Unis », mais a tout de même précisé qu’il ne fallait pas, à son avis, parler d’« entité » s’agissant d’Israël mais bien d’un Etat. Merci, m’dame, on n’en demandait pas tant !

 

Par la suite, Mme Royal a prétendu qu’elle n’avait pas entendu la comparaison entre Israël et les nazis. Après avoir pris des renseignements concordants, la Mena est en mesure d’affirmer que, sur ce point, Mme Royal a menti. L’ambassadeur Emié et la candidate ont parfaitement entendu le discours, qui était traduit de manière parfaitement professionnelle. Et ils ont consciemment décidé de rester pour écouter la suite.

 

Ségolène Royal est-elle donc pro-Hezbollah ou anti-Israël ? Absolument pas. Mais elle est congénitalement incapable, même lorsque des propos contraires au respect élémentaire de l’humanité sont tenus en sa présence, de prendre une position de principe si cela doit déplaire à son interlocuteur. Et si l’interlocuteur change, elle change sa position. Après son passage au Liban, elle s’est ainsi attiré un succès d’estime en Israël, en soulignant son attachement à la sécurité du pays et en s’opposant à l’acquisition par l’Iran de toute technologie nucléaire, même (au mépris du droit international) si cette technologie devait rester purement civile. Puis, lorsqu’elle a rencontré Hosni Moubarak, un peu plus tard à Paris, elle a déclaré que « les seuls qui cherchent à faire avancer les choses au Moyen-Orient sont les Egyptiens ». Et ainsi de suite – autant d’interlocuteurs, autant de discours.

 

Cette manie de dire à chacun ce qu’il a envie d’entendre peut avoir des avantages quand on cherche à se faire élire. Mais son corollaire, l’incapacité à camper sur des principes, serait extrêmement dangereux chez un chef d’Etat. Lorsqu’une crise grave éclatera au Moyen-Orient, quelle pourra être la position d’une Présidente qui cherche à plaire aux islamonazis autant qu’aux démocrates ? Qui pourrait faire confiance, en temps de crise, à une France dont le chef d’Etat serait toujours d’accord avec le dernier qui a parlé ?

 

Ces deux failles fondamentales de Ségolène Royal – la propension à décider sans avoir écouté les spécialistes, et la tendance à ne dire que ce que ses interlocuteurs veulent entendre – sont bien plus graves que ne le serait la sottise imaginaire que ses adversaires lui prêtent à tort. Sauf accident, l’image de Ségolène devrait se redresser un peu dans les prochaines semaines. Il n’est que justice qu’on cesse de lui prêter des défauts qu’elle n’a pas. Mais il ne faut pas oublier pour autant ses vraies faiblesses, qui pourraient devenir un danger bien plus grave pour la France et pour le monde.

 

 

Note :

 

[1] Les bruits selon lesquels cette proposition de renflouement de France 2 était particulièrement destinée à donner une attaque à notre rédacteur en chef se sont, après enquête, révélés infondés.

 

 

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