Mitterrand

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23/04/2008 | Mise à jour : 23:19 |

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Le billet de Michel Schifres du 24 avril.

 

Cette fois, le doute n'est plus permis : François Mitterrand est entré définitivement dans l'histoire. Nous sommes ainsi faits que, passé les fracas de l'actualité, nous laissons toujours nos grands personnages reposer en paix avant de se déchirer à nouveau à leur sujet. Dans une centaine d'années, pas moins, les historiens reprendront la querelle. Jusque-là, nous vivrons avec la vérité peu embarrassante délivrée mardi par le film de Serge Moati : Mitterrand fut pétainiste, puis résistant, point final. Il n'y a pas de quoi fouetter un chat. D'ailleurs, l'affaire est passée comme une lettreà la poste : pas de polémique, pas de croisade, ni colère de la droite, ni trouble de la gauche, chacun se tait, peu mécontent au fond de cette «thèse»si humaine et d'allure impartiale. Évidemment, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Du coup, le pétainisme est présenté comme un régime identique à un autre, sans grande caractéristique. Il est quasi honorable. Ça en bouche un coin.

 

 

 

Les socialistes passent à l'acte

 

24/04/2008 | Mise à jour : 08:20 |

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Crédits photo : Le Figaro

La chronique de Stéphane Denis du 24 avril.

 

J'ai lu avec l'attention qu'on devine la Déclaration de principes du Parti socialiste, telle qu'elle a été élaborée par une commission ad hoc où toutes les sensibilités étaient représentées. Je l'espère bien, car il n'a pas dû être facile d'arriver à pareil résultat.

 

Des principes à la Déclaration, il n'a pas fallu moins de dix-huit ans (la dernière date de 1990) ; on se demande avec angoisse et, je l'avoue, une certaine inquiétude si le programme sera prêt pour l'élection de 2012. Mais le socialisme français vient de faire un certain nombre de découvertes que je m'en voudrais de ne pas souligner en attendant qu'un candidat se charge de le faire lui-même. Si nous n'étions pas là pour l'aimer, le soutenir, parler à sa place, que deviendrait le PS ? Il nous manquerait.

 

À qui d'autre, en effet, devrions-nous d'apprendre que l'être humain est un être doué de raison, libre, un être social qui grandit de sa relation avec autrui, ouvert à toutes les potentialités ? Sûrement pas à la droite, incapable d'inventer le futur et de travailler dans le présent en assumant les tensions et les contradictions qui en résultent. Mais je ne voudrais pas m'en tenir au prologue, au principe des principes que le document qui sera soumis au vote d'une convention nationale le 14 juin, saint Élisée, c'était prédestiné, qualifie de préambule pour nous mettre l'eau à la bouche.

 

L'égalité, en effet, est au cœur de l'idéal socialiste, et, là encore, la droite ne saura en dire autant, car aux injustices et aux violences du monde les socialistes opposent un message universel qui doit répondre aux besoins du présent sans compromettre l'avenir des générations nouvelles. Il s'agit de trouver des réponses qui concilient les intérêts particuliers et l'intérêt général, tout en étant conscient d'une étroite interaction des activités humaines et de leurs finalités fondamentales eu égard à la promotion du progrès et à la satisfaction des besoins.

 

Naturellement, cela n'ira pas sans la promotion de la connaissance, inséparable des choix collectifs qui subordonnent l'acceptabilité des risques à l'utilité des innovations, le tout dans une perspective du principe de précaution. Mais, comme la démocratie est à la fois une fin et un moyen, le tout forme un tout qui ne se résume pas à une méthode mais vise à travers la critique historique à un système mixte combinant le dynamisme à la qualité dans le respect des droits garants du long terme. Certes, il s'agira d'une société nouvelle où le travail ira de pair avec le temps libre, assurant pour tous la sécurité des personnes et des biens, sans laquelle il n'est pas de liberté réelle. Lutter pour la paix est un horizon pour le siècle qui commence, si l'on songe que le combat pour une communauté pacifique suppose de dégager des intérêts communs pour construire un monde équilibré, tout en n'oubliant pas que notre pays doit être respecté, car la France est de par son histoire à la fois singulière et universaliste.

 

Le Parti socialiste, lui, est républicain. Certes encore, il sait que la transformation ne se décrète pas, qu'il faut prendre en compte l'idéal et la réalité, mais grâce à la diversité des territoires, il permettra de lutter contre tous les détermi­nismes, en particulier grâce à la culture, qui permet l'ouverture. Puisque nous y sommes, nous ne sommes pas seuls. Le PS est un parti européen qui agit dans l'Union européenne, celle-ci ayant pour mission d'aider à relever des défis planétaires qui feront l'objet d'un message qui exige que tout soit mis en œuvre pour qu'on puisse le porter.

 

Élargissant leur horizon, les socialistes français condamnent les oppressions et les exploitations dont sont victimes les hommes et les peuples, qu'ils appellent à la coopération. Aussi défendent-ils le rôle international des institutions internationales, de l'Internationale socialiste et des mouvements internationalistes, dans une conception internationale de l'international. Cela n'empêche pas de ne pas oublier qu'ils sont le produit des combats politiques des XIXe et XXe siècles et revendiquent l'héritage de la République au nom de la pédagogie de l'action et de l'engagement renouvelé par le fil des générations, par-delà les moyens mis en œuvre, qui, eux, se formulent différemment dans le temps selon les enjeux et les problèmes.

 

Aussi le Parti socialiste est-il respectueux de ses adhérents, organisant la transparence dans la diversification des responsabilités à tous les niveaux, à commencer par les hommes et les femmes qu'il appelle à le rejoindre dès lors qu'ils partagent ses valeurs. Tout juste précise-t-il qu'il a pour but l'émancipation complète de la personne humaine et la sauvegarde de la planète, ce qui n'est peut-être pas totalement compatible, si l'on en juge par ce que la personne humaine est capable de faire d'un simple mur fraîchement repeint dès qu'il n'y a personne pour le surveiller.

 

Mais je ne voudrais pas apporter une ombre au tableau dont on accordera qu'il est complet, définitif, original et innovant. Quand on pense qu'on accuse les socialistes de n'avoir rien fait depuis si longtemps, on mesure la malignité de la droite et l'infamie du capital menacé dans son existence même par les 21 points de la Déclaration, sans oublier le préambule. J'espère avoir tout cité et rien négligé ; ça valait le coup d'attendre.

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