Dimanche, 5 février 2006, aérodrome de Saint-Cyr. Le temps est bâché, il fait froid. Olivier Dubospertus, vélizien parmi les véliziens, m'accompagne ainsi qu'un de ses amis. Nous venons rendre une visite de courtoisie à notre ami Bernard Cusin, qui, détenteur d'un avion unique, un Esperanza 4, nous avait invité à venir le voir.

J'arrive, hangar 102. Pas une âme qui vive. Je longe le hangar et là, je découvre une armée de convives qui semblent déjeuner joyeusement. Bernard n'est pas parmi eux. Ils m'indiquent la direction du hangar. Après leur avoir souhaité bon appétit, j'entre dans le saint des saints et, j'avoue, je cherche un énorme truc genre PBY qui doit en imposer : ma connaissance des avions est sommaire, je l'avoue, et je dois user de tout mon savoir aéronautique pour trouver l'objet du délit !! Il est là, pas de doute, des flotteurs, une coque de bateau, c'est un hybride, mi-avion, mi-bateau. F-PBSC il s'appelle. De plus, une très jolie sirène (coucou) orne fièrement la dérive côté gauche. De l'autre côté, une ancre de marine enchevétrée dans un cordage décore cette face. J'en profite pour faire quelques clichés quand, soudain, la porte du hangar s'ouvre : voilà Bernard qui arrive, les bras chargés de pièces détachées, de boites qui doivent contenir de précieuses pièces mécaniques.

Cliquez ici pour voir un panoramique de l'Eperanza dans le hangar .... (nécessite Quicktime)

Il est suivi de peu par son beau-frère qui l'accompagne dans cette aventure aérienne. "C'est celui qui connait le mieux l'avion après moi" me dit Bernard. On ouvre les portes du hangar, c'est à ce moment que surgissent Olivier et son copain. Les portes ouvertes, on sort les avions qui gènent. Puis, vient le tour de l'Esperanza. Comme un saint sacrement, Bernard est à la manoeuvre. Pas de blague, cet avion c'est un paquet de milliers d'heures de travail. Le voilà sorti. Tous les convives de tout à l'heure sont à la fenêtre pour admirer l'aéronef.

Programme des réjouissances : le plein d'essence, un vol local et retour. Aujourd'hui, essai technique prévu.

Nous assistons au plein d'essence : la tour s'est déplacée (pas la tour mais les occupants) sous la forme d'un 4x4 jaune ADP. Une passagère mitraille l'esperanza de son appareil photo.

Profitons en pour faire un rapide historique de la vie de cet aéronef :

• Achat des plans par Mr Sanna : vers 1978
• début de construction : 1979
• début de la contribution de Bernard (moitié des parts) : 1985
• Premier essais de roulage : 1993 (environ 7000 heures de travail) à Toulouse Lasbordes puis Toulouse Blagnac.
• Mise en évidence de faiblesses de train auxiliaire aux essais de roulage rapide à Blagnac été1993.
• Rachat de la deuxième part fin 1993. Modification des balancines vers leur forme actuelle.
• Hébergement de l'avion dans le petit hangar d' Aérospatiale, avec les corvettes.
• Premier vol en janvier 1994 à Blagnac. Merci aux contrôleurs qui m'ont toujours alloué la piste Concorde pour tous mes essais, pendant la durée nécessaire. Les avions de ligne utilisaient la "petite piste" à la queue leu leu...
• Certification poursuivie à Muret l'Herm à la demande de Blagnac. Certification terrestre obtenue en avril 1994.
• Depuis, mise au point lente de l'avion sur tous les points pour le préparer à l'eau.
• Eté 1998 : mise à l'eau à Biscarrosse : posé à Biscarrosse Parentis, et amené à l'eau par la petite route et la plage attenante.
• Depuis, continuation des petites et grosses mises au point, et d'autres activités...

Caractéristiques de l'hydravion : Plans : origine canadienne, conception de Michel l'Espérance Cellule en bois stratifié verre/epoxy Amphibie biplace cote à cote décalé, commandes doublées. Train monotrace avant/central et balancines auxiliaires, tous rétractables électriquement Masse : masse à vide : 570 kg masse maximale 950 kg masse certifiée en utilisation terrestre : 901kg Moteur en pylone propulsif : lycoming O360 puissance : 180 CV Hélice : tripale Mt Propeller spécifique à pas variable électrique Capacité essence : 216 litres Consommation horaire : 36 litres Performances : croisière : 95 kt train sorti , à 24 de PA et 2500tr/mn décrochage : 85 Km/h en lisse Equipement : le minimum pour pouvoir aller partout (voir photos)

Ah ! le plein d'essence est fait. C'est le départ. Essais moteur, dans le plus grand silence (enfin un Lycoming 180ch qui est silencieux) et c'est l'alignement puis le décollage, plein pot, grimpette vers les nuages.

Il est parti, et nous décidons de nous rendre au café restaurant local pour un chocolat chaud mais tout juste le temps de s'y rendre qu'Olivier nous dit qu'il a aperçu Bernard au roulage. En effet, il est déjà de retour. Les nuages descendent rapidement sur le terrain et même un local est exclu. C'est partie remise mais les essais semblent concluants.

Merci Bernard pour ton accueil et à bientôt.